An penteng bougannri a
Apre-zenglet

Politik Matnik

Un "oui",

tellement insignifiant

I adan'y

Mòn-Van, Matnik: Dans un pays sans autorité politique endogène, l’abstention n’est jamais pleinement un acte politique conscient, lors des scrutins locaux. Elle n’exprime jamais une contestation, une dénonciation de la domination politique. Elle reflète une dévalorisation de la parole politique, par brouillage ou insuffisance des agents et lieux de la socialisation politique.

La faiblesse de la participation (27,42% et 31,6%) lors de la deuxième consultation populaire en Guyane et en Martinique, après l’engouement malsain constaté lors de la première consultation, le 10 janvier, cible une incompétence de la quasi-totalité du personnel politique d’en-Martinique, à envisager la réforme politique sereinement. L’émotion, le larbinisme, la peur, le désespoir, le complexe d’infériorité, le syndrome de la périphérie, la makoumeri et la kakarel, le konplo-nèg-se-konplo-chen, toutes les tares d’hyper-colonisé, refoulées ou manifestes, étaient remontées, ce dimanche 10 Janvier 2007.  

Et cette brusque remontée des tares d’hyper-colonisé n’avait pas dégonflé deux dimanches plus tard, et a fait cette abstention pesante. Une hypertrophie du "oui" ou du "non" lors d’une consultation populaire démontre un brouillage, un malaise, une non-maîtrise de la question posée et du politique en général, un mal-être politique, par les relais politiques locaux ; c’est d’un non-être au monde qu’il s’agit. Cette irrationalité que font circuler certains des élus martiniquais (un tèbè-dje maire socialiste, un député-maire pathétique, l’autre yich-man-bans et kaka-foule, un personnel politique aux ordres de la plantocratie féodale, deux petrolet habitués aux dalots et une effrontée tête-mangouste)  pose un vrai problème de citoyenneté, l’incompétence des élus est telle que le citoyen se pose de facto en spectateur et fait sien le syndrome guadeloupéen de la quérulence strictement matérialiste.

Le non massif lors de la consultation du 10 Janvier (78,9% en Martinique et 69,8% en Guyane) et l’abstention massive lors de la consultation du 24 (72,5% en Guyane et 68,4% en Martinique, il faudrait d’ailleurs vérifier si la majorité des votants oui à la question du 24 ne correspondait pas strictement à la petite minorité du oui, à la question du 10) obligent la représentation politique des deux pays à minorer la revendication d’une responsabilité locale et dirigent les communautés Guyane et Martinique vers une Collectivité Territoriale Unique, au rabais. Si une victoire du camp du changement, retrouvant une unité, lors du deuxième tour des régionales de mars 2010, pourrait limiter partiellement les effets d’un rejet de la responsabilité, cette trop grande victoire du non, lors de la consultation du 10 et l’abstention massive, lors de la consultation du 24 et l’absence d’une démission de l’exécutif régional, attendue de pieds fermes,  vont contrarier un renouvellement du sous-espace politique Martinique et compromettre un débat institutionnel qui, dans la modernité politique qu’impose la construction politique européenne, doit être permanent. Ce débat là reviendra, d’ici à 2017, sous les formes d’une  question plus politique, relative à l’autonomie politique et institutionnelle (choix maximal) ; les yeux dans le guidon et Coco Lambert dans le bambou, les martiniquais feront, sans doute, le choix minimal de l’autonomie administrative ou de gestion, à ce moment là.  La problématique de la construction politique en Martinique (un Etat martiniquais, libre-associé, caribéennement intégré ou interdépendant) reste féconde et indépassée.     

Car enfin, Collectivité territoriale Unique de l’article 73 de la constitution française ou Collectivité d’Outre-mer de l’article 74 de la même constitution, collectivité à statut spécial ou collectivité organisée autour d’ "intérêts propres dans le cadre de la République française", la Martinique reste, en plein 21e siècle de la modernité politique obligée, une communauté humaine, sans autorité politique endogène et même sans "intérêts propres", fussent-ils encadrés, si l’on se réfère à la consultation du 10 janvier 2010. 

1-   La fin du débat statutaire et institutionnel, se tjou rat !

Le non massif, à la Collectivité d’Outremer régie par l’article 74 de la constitution française, connu, tous les conservateurs ont vite sifflé la fin du débat statutaire et institutionnel, comme si une consultation populaire, pouvait trancher un débat, aussi insignifiant soit-il. Une consultation populaire est une initiative du garant de la constitution d’un Etat démocratique, à un moment opportun de la vie politique d’une communauté. Cette photographie, en temps réel de l’opinion n’est jamais figée. C’est la construction politique européenne qui commande un débat statutaire et institutionnel qui ne fait que commencer.  Ailleurs, il y a cette crapuleuse campagne de la peur (fantasme de la fin de la citoyenneté française, fin des transferts de revenus et quelques lieux-communs qui reviennent, en boucle, en  Guadeloupe, Guyane et Martinique chaque fois qu’un étape ridicule de décentralisation est envisagée), puis l’ignorance politique (voire généralisée) dans la population et aussi ce délire des alter-conservateurs, parfois pompeusement présentés comme indépendantistes (ce trop ridicule écrivain de l’imaginaire créole, un vrai bwabwa manipulé par une petite "journaleuse" de la télévision publique française, il y a même entrainé le poète-philosophe des créolisations, an griyen-dan nwè tjek zotobre blan, nèg Matnik la ka ba'w boutik la ek tout machandiz ki adan'y), qui cherchent à constitutionaliser la CTU 73 pour échapper aux réformes à venir (l’autonomie politique et institutionnelle organisée par la construction européenne) en 2017 ou 2024 ; tous ces enfantillages politiques qui ont décentré la problématique de la réforme et qui augurent d’une reculade politique obligée de l’Etat français. On passe déjà de la Collectivité «Territoriale » Unique à une simple Assemblée Unique qui, quelque part, sera non-conforme à la constitution française, elle-même. Si le ridicule pouvait tuer, les artistes de l’imaginaire créole et les larbins de l’autonomie constitutionalisée seraient abòlòy depi madjikata.

Le débat statutaire et institutionnel ne fait donc que commencer, même si le camp du changement n’arrivait pas à se  ressouder lors du deuxième tour des régionales. Nous avions déjà montré l’incertitude qui pesait sur cette Collectivité "Territoriale" Unique, en termes de définition de la loi statutaire qui l’organisera, en termes de compétences, d’organisation et de réorganisation tant quantitatives que qualitatives, de mode de scrutin, etc. Loi statutaire ou loi organique, dans une République, c'est le parlement qui fait les lois, c'est certainement pas une ministre, sous tutelle, aussi compétente soit elle. La seule réunion des compétences des conseils généraux et régionaux, commande une baisse substantielle des ressources, matérielles, politiques, coercitives, des deux assemblées initiales. Elle suppose également la perte de la fausse identité, disons ultramarine, sur laquelle reposaient ces deux collectivités.  La clôture du débat statutaire et institutionnel serait une sortie hasardeuse d’un processus de modernisation politique commandée par la seule construction politique européenne. Et puisque le ridicule n’a jamais tué personne, l’on a vite, dès le lundi 25,  oublié le petit monstre (an lantikri) sorti des délires d’après deux pete-pie ou punch-coco, d’un commis de la république française et  exhibé par l’édilité foyalaise, la CU d’avant l’autonomie constitutionnalisée.   

2-   Les régionales 2010, un enjeu politique ?

L’exécutif régional n’a finalement pas  démissionné et cette non-démission contrarie et bouleverse les calculs politiciens d’en Martinique. C’est que l’échec de la consultation de décembre 2003 avait permis comme un sursaut martiniquais. Cette population ultra-légitimiste avait pris les politiciens PPM, FSM et ultraconservateurs à leur propre jeu de dévalorisation de la parole publique et avait voté majoritairement pour la liste dite des patriotes lors des régionales qui avaient suivi. La Martinique va-t-elle répéter le même geste légitimiste ? Sans doute non ou peut-être pas dans les mêmes proportions même si l’irrationalité ne semble pas avoir évolué, ici, d’un iota.

Une donnée nouvelle qui contrarie l’ordre légitimiste c’est la ridicule victoire du "oui", le 24 janvier. Elle efface, en partie, le discrédit jeté sur la classe politique en Martinique par une majorité des élus martiniquais, ceux-là même qui votent contre leur devoir de réformer un sous-système politique usé et leur capacité à négocier ces réformes incontournables.

Les régionales 2010 présentent un premier tour avec huit listes dont une majorité de listes autonomistes ou présentées comme telles, c’est-dire que le débat statutaire et institutionnel ne fait que commencer ; c’est dire l’insuffisance de  l’autonomie administrative. La non-démission du leader du MIM a-t-elle fait éclater le RMC ? Le calcul fait est d’une simplicité déroutante, la petite population hyper-légitimiste de Martinique voterait davantage pour un "gérant d’habitation", un hyper-gestionnaire qui adopterait, sans difficulté, le langage des nèg-mawon que pour un passeur d’idée, ou quelque démiurge du politique. Il semble que cette non-démission favoriserait un rapprochement RDM/PPM, les sondages d’avant la consultation du 10 Janvier avaient montré que les militants et sympathisants RDM n’ont  pas, tous, coupé le cordon avec le PPM.

S’il est clair qu’il faut renouveler l’indépendantisme martiniquais, il faut également renouveler un personnel politique vieillissant et retrouver une combativité politique qui sorte de l’idéologie gestionnaire  pour prétendre réorienter cette CU vers une Collectivité à statut spécial qui limiterait la casse politique, sociale et culturelle, annoncée.

3-   La crise de l’indépendantisme martiniquais.

L’un des objectifs de cette consultation était bien d’éliminer les indépendantistes, ou supposés tels, de la scène politique française en Martinique. Il s’agit d’empêcher ces pays, en particulier la Martinique, d’accéder aux ressources politiques que conférerait une autonomie politique et institutionnelle européenne avec à leur tête des indépendantistes. Toute autonomie politique et institutionnelle serait, dans ce contexte là, une porte ouverte sur l’indépendance/intégration caribéenne ou l’interdépendance. Or ce sont les indépendantistes et eux seuls qui donnent un contour, mieux une identité à l’espace politique Martinique. Les bouffons de l’autonomie constitutionnalisée ont joué, avec toute l’incompétence politique qu’on leur connaît, à ce jeu politicien là, au risque de perdre le principe même d'autonomie.

 En faisant bloc derrière le leader du MIM, quatre des  huit groupes  indépendantistes ont, maladroitement, cautionné l’entreprise de dissolution du pays Martinique orchestrée avec la complicité des bwabwa locaux. Il faut donc rajeunir cet indépendantisme là, retrouver une combativité pour "peser de tout son poids d’homme" dirait Frantz Fanon, sur ces bwabwa là, fossoyeurs  de la conscience martiniquaise.

 Ces indépendantistes institutionnels associés à quelques-uns des autonomistes, ont construit une crypto-identité politique Martinique, la spoliant à l’indépendantisme historique. Cette identité là s’érode très vite lors des confrontations avec une culture politique française séculaire, elle reprend souffle lors des scrutins locaux et retombe aussi vite dans les travers du clientélisme politique. Compte tenu des dissensions annoncées, si ce souffle là n’était pas au rendez-vous des régionales 2010, alors la crise de l’indépendantisme institutionnel, désormais ouverte, risquerait de mettre à nu tout l’espace politique martiniquais, compromettant jusqu’à l’indépendantisme  historique, (celui de Guy Cabort-Masson, Marc "Loulou" Pulvar et Marcel Manville) et l'indépendantisme moderne, celui du PKLS, du KLNM, MPRM, Gawoule, etc.   

  Cette victoire du "oui" à la création d’une Collectivité "Territoriale" Unique, pour insignifiante qu’elle est, ouvre l’idée d’une permanence du débat statutaire et institutionnel. Cette permanence du débat statutaire et institutionnel marginalise l’indépendantisme moderne et fait place forte à un indépendantisme institutionnel usé par deux décennies d’idéologie gestionnaire. Il faut refonder, en Martinique, l’idée d’une construction politique endogène qui refroidisse, partiellement ou totalement, la violence intra-communautaire et ouvre, toutes grandes, les portes et fenêtres sur l’avenir.

Simao moun Wanakera

 

 

 

Commentaires

Kanmo Matnik

L A K O U Z E M I
SAMEDI 30 JANVIER 2010
PITT Thomassin
Barrière-La-Croix,Sainte-Anne,
12H-22H

"Le politique à notre époque et dans notre pays- Bilan de deux consultations".

AKM

Je crains que tu te trompes et qu'ils nous servent un système départemental réchauffé..

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