Politique d'en-Martinique
18 juin 2011
2014,
l'année de tous les mannikou
Paris, France : Un non-évènement, ce choix de l'année 2014 pour installer une coquille politique vide, la Collectivité Martinique. C'est qu'une incertitude pèse, lourdement, sur une telle collectivité, sa capacité à passer un changement politique, désormais inéluctable en France, et la crise profonde des dettes souveraines qui secoue la zone euro ? Paradoxalement, en fixant à 2014, la date d'installation de cette C-Martinique, le garant de la constitution française fait deux petits cadeaux, non voulus, (un effet pervers, oui) aux partisans (hors la droite UMP-FMP) d'une installation de la dite, C-Martinique, en 2012.
Nous avons montré, pédagogiquement croyons nous, la proximité des deux régimes, 73 et 74 de la constitution française (il n'y a donc pas de victoire des 73zistes ni de défaite des 74zistes, c'est d'une consultation qu'il s'agissait ; la Collectivité Martinique, telle que dessinée, sera largement plus "autonome", administrativement parlant, que la COM-74 assimilée de Saint Martin, par exemple, si les dirigeants de cette C-Martinique revendiquaient et obtenaient une habilitation dans la dizaine de compétences définies par les Congrès de Juin et Décembre 2009) et nous avions pronostiqué que la couleur politique de la majorité dans cette C-Martinique ferait bouger le curseur vers plus ou moins d'autonomie administrative. Encore une fois, autonomie administrative n'est pas autonomie politique. Encore une fois, les domaines de compétences étant strictement les mêmes, l'installation d'une CTU-73 ou d'une COM-74, qui toutes deux ne disposeraient pas davantage de prérogatives que le Conseil Général de 1866, ne peut-être la solution politique moderne, en Martinique. Celle-ci passe par une intégration caribéenne, c'est dire qu'il faut un Etat martiniquais doté de tous les pouvoirs régaliens qui participent de l'organisation politique intérieure.
Ailleurs, en 2014, au regard des préprogrammes des candidats à la présidentielle française de 2012 (certains de ces préprogrammes envisagent déjà un Etat Unitaire Régional, c'est dire l'autonomie politique pour de grandes régions administratives), la réforme territoriale annoncée reste susceptible d'une refonte générale ou de quelques amendements qui valideraient définitivement l'Etat Unitaire Décentralisé. Alors chères martiniquaises, chers martiniquais, chers docteurs es droit constit français. et sociologie politique des mornes qui avez confondu le passage d'un régime de la constit. française à un autre régime de la constit. française (art. 72 : "les collectivités territoriales de la République sont les communes, les départements, les régions, les collectivités à statut particulier et les collectivités d'Outre-Mer régies par l'article 74.") avec un accès direct à l'indépendance, sispann mès mannikou zòt la, sispann fè bwabwa epi kò zòt, ni moun ki ja ka ri zòt.
1- C-Martinique, chronique d'un échec politique annoncé.
Une Collectivité Martinique qui disposerait des prérogatives du Conseil Général de 1866 (en capacité de statuer sur certaines matières d'intérêt local, ce Conseil Général de 1866 votait des tarifs de douanes sur les produits étrangers, par exemple), n'aurait pas les compétences suffisantes pour réorienter l'économie de comptoir qui a encore cours, 150 ans plus tard. En 1871, ce Conseil Général d'en-Martinique avait même supprimé les droits sur les marchandises étrangères et donc ne favorisait, ni ne protégeait les produits français, pour protester contre la politique douanière française (La Métropole, à l'époque) qui soumettait les produits de ses colonies au même régime douanier que les produits étrangers. Dans le cadre d'une C-Martinique du régime 73 ou même d'une COM-74-Martinique, nous serions très loin, de cette "autonomie administrative" du Conseil Général de 1866.
C'est l'actuel président du Conseil régional, monsieur Sèy Letchimi, qui, lors de la campagne pour la consultation de Janvier 2010, avait parlé d'"article néocolonial" à propos de ce fameux art. 74 de la constitution française, et recommandant "d'aller voter non le 10 pour aller voter oui le 24" ; c'est dire que ce régime 73 dans lequel monsieur Aimé Césaire et les communistes avaient suicidé la Martinique, en mars 1946, était présenté comme la condition sine qua non d'une libération (fok ke pran dodin dodinen ek ri boug ta'a epi se kòkòdò kreyol li a, an jou tèt dechaje) sinon d'une égalité ; monsieur S. Letchimi avait réaffirmé la fidélité PPM à cette vieille position historique selon laquelle, c'était l'Etat français qui réglerait en faveur des afro-descendants de Martinique, le vieux conflit historique, social/racial, avec les békés. Là encore, ce principe d'égalité dont on parle, est, dans les faits, mathématiquement impossible entre deux territoires, fussent-ils, euh, français. Les ressources naturelles non-renouvelables (sab l'An-Soutoun lan/Anse Spoutourne), naturelles renouvelables (bwa Balata a), humaines, matérielles, culturelles (foute blaf bayol la an tjou'y), spirituelles, ne peuvent être soumises à la même gestion, en Martinique et en Guyane, par exemple. Là tu es dans l'ensemble insulaire caribéen, l'histoire pèse de tout son poids mémoriel sur l'espace-temps politique et, de l'autre côté, tu es dans le bloc continental sud-américain, la diversité des populations amérindiennes, "tout moun se moun", la forêt amazonienne, le fleuve, la diversité incommensurable des ressources naturelles "non renouvelables" et des ressources renouvelables, lapli an tjou'w, vèdigri ka leve an fant katje'w. Ce principe d'une diversité des territoires, même le discours officiel français avait introduit un pluriel, "des outremers", quand l'apprenti politicien d'en-Martinique (lakay Edouard Glissant, le père de la pensée du lieu), les yeux rivés sur le guidon, s'est arrêté net dans le bloc unique de "l'outremer" ; ce principe là validerait l'idée d'un vécu singulier (et d'un accès spécifique aux ressources) de la mondialisation, de l'économie et de la culture, qui agite le monde.
Une telle Collectivité Martinique, telle que présentée, ne serait pas adaptée à la mondialisation de l'économie et de la culture, ni à la construction européenne. Elle ne servirait à rien en tant qu'elle est une fusion des deux principales collectivités territoriales de Martinique (il y en a 40, de nos jours) ; le DROM (Département Région d'Outre-Mer, san kabwatè epi sa) de Martinique, a montré, après 30 ans d'insuffisance politique, l'échec institutionnel français, en Martinique. Elle continuerait la politique gestionnaire qui, depuis 1946 maintient plus de 25% des martiniquais hors la communauté Martinique et gonfle une violence intra-communautaire, chaque jour plus dense. Enfin cette C-Martinique n'a même pas envisagé une circulation de la culture martiniquaise dans les "nouvelles institutions" de ce pays. Tant que la culture martiniquaise (je parle de culture martiniquaise, pas d'un folklore euro-négro-créolo-zombifiant) ne circulera pas massivement dans les institutions de la Martinique, alors cette violence intra-communautaire, au sens de Frantz Fanon, toujours, sapera les bases mêmes d'une telle formation sociale.
2- C-Martinique, transformation obligée en une COM-74 assimilée.
Quand j'écris COM-assimilée, je reste dans une distinction bienveillante, COM-assimilée/COM-spécialisée. Cette distinction fait comme un écho au vieux couple DOM/TOM, administrativement obsolète depuis mars 2003, sur lequel bave, nonchalante, une majorité des apprentis politiciens d'en-Martinique. Dans les faits, les collectivités territoriales sont appelées à évoluer vers plus d'"autonomie administrative" puisque l'Etat français procède à des transferts permanents de compétences, hors les compétences régaliennes. Mais les petites compétences ajoutées les unes aux autres ne donnent pas droit à un pouvoir politique. Il faut distinguer compétence politique et pouvoir politique. Le pouvoir politique suppose comme un contrat entre ceux qui détiennent ce pouvoir et ceux qu'il contrôle. L'exercice du pouvoir politique est facilité par un contexte social et politique qu'une communauté d'intérêt (le peuple martiniquais, par exemple) construit tous les jours. Les compétences politiques sont inscrites dans une temporalité, un conflit social mal géré, et toutes les compétences s'effondrent, yo ja pran sa anlè'w, mi'w toutouni anlè de pie'w, kèkèbè, djol-koule epi ARU'w la.
En fait, il n'y a qu'une Collectivité d'Outremer autonome, la Polynésie française ; art. 78 en projet en 2007, lors du congrès de Versailles, était, pour des raisons de timing ou en raison d'un péril indépendantiste fantasmé, resté dans les tiroirs de la République euh, française. Ce seul postulat plaide pour l'idée d'une réécriture permanente de la constit. des Etats modernes. A partir du moment où l'on avait institué ce principe plus équitable, d'un statut à la carte, le pluriel des outremers, plaidait également pour une évolution rapide de la C.U-73 (qui n'existe pas, à proprement parler, en dehors de la dénomination "collectivité à statut spécial et du DROM constitutionnalisé, La Réunion) en une COM-74, si ce n'est vers une région autonome, d'ici 2017 et un nouveau traité européen. Men fok nou te ke ja rive anlè an walayachi politik atè Matnik, patat sa !
Entre-temps, les jeunes d'en-Martinique, ceux des 15-24 ans, 61,9% de cette tranche d'âge était au chômage en 2009, les moins de 30 ans, 35,8% au chômage, ka ba lari chenn ; par mimétisme ou après un sursaut politique salvateur, dépassant les atermoiements des réformateurs pourraient trouver la vraie solution institutionnelle, une organisation politique martiniquaise intégrée dans l'espace caribéen et latino-américain.
3- Renouveler les indépendantismes...
Historiquement, ce sont bien les indépendantismes martiniquais qui ont façonné comme une contre-culture puis culture-politique d'en-Martinique. Elle compose avec une histoire martiniquaise qui dépasse les récits coloniaux et quelques notes des abbés verbeux. Elle compose également avec une culture et une langue martiniquaises, façonnées dans la résistance dans les mornes et les grands fonds du pays. Cette langue martiniquaise dépasse largement le statut mortifère de langue régionale française dans lequel les bandits créoles (bandit, au sens de la langue martiniquaise) veulent l'enfermer. Cette culture martiniquaise, une dynamique caribéenne intégrée, étoffe et densifie, chaque jour un environnement martiniquais, chaque jour plus complexe, andjèt an fimel kanna.
J'appelle indépendantismes, ce courant pluriel d'une pensée politique martiniquaise vivante (CNCP, Gawoule, KLNM, MIM, Modemas, MPREOM, Nou Matinitje, Palima, PKLS, man pa nepi sav si fok mete Martinique Ecologie ek GRS, adan) qui travaille, résolument pour les uns, pianmpianm pour les autres, à l'érection d'une organisation politique martiniquaise. Je distingue trois indépendantismes. Les historiques, d'inspiration marxiste léniniste (Guy Cabort Masson te ke di, marksiz-leniniz la ka di'w...) ancrés dans le vieux conflit de classe qui, contaminés par un césairisme toujours douteux, ramenaient parfois le conflit social à un conflit racial et déconstruisaient la "Nation martiniquaise" dans un machin nègre universel dont Aimé Césaire était propulsé, heu père fondateur. Certains des historiques survivants finissent par revendiquer la paternité d'une collectivité française dont le but essentiel est bien de continuer et d'achever l'alter-assimilationnisme césairien. Caribéanistes, les indépendantismes modernes travaillent à l'érection d'un Etat caribéen en Martinique de sorte que ce que gagne une génération ne soit totalement perdu par la génération suivante. Coincés dans le vieux conflit racial, les indépendantismes de marronnage, exaltent un idéal national impossible dans le régionalisme obligé du monde moderne. Le politique moderne doit s'inscrire dans un contrat social et politique.
Il faut renouveler les indépendantismes martiniquais, ceux des institutionnels et ceux des révoltés. Renouveler, c'est d'abord rajeunir et féminiser. Il n'est pas seulement question de faire une petite place aux plus jeunes et aux femmes, il est question d'un double leadership, l'un plus critique et plus impliqué dans l'espace caribéen, dans les indépendantismes non-institutionnels ; l'autre, dans les indépendantismes institutionnels, certes gestionnaires mais plus dynamiques donc plus jeunes. Ce sont les indépendantismes qui ont façonné et façonne encore cette culture politique martiniquaise. La part féminine des cultures est irremplaçable, d'autant qu'elles (les cultures, les cultures politiques, tou) sont des constructions humaines, sans cesse renouvelées.
2012 ou 2014, après tout, les martiniquais avaient di "anhan" le 24 après avoir dit "an-an, pies toubannman" le 10 Janvier 2010, c'est Letchimi qui avait donné ce conseil à la population d'en-Martinique, "il faut aller voter contre ça le 10 Janvier", et le principe d'"intérêts propres" dans la République française, qui en découlait. Elle, la population d'en-Martinique, avait alors donné tout pouvoir au président français pour décider à la place de ses élus. An bagay tèbèdje, yo pa te ni tèp pou ta yo nan gaway franse a. Les domaines de compétences étant strictement les mêmes, la différence entre CTU-73 et COM-74 est bien là. Compatissant, peut-être, à la solitude des politiciens gestionnaires d'en-Martinique, le président français avait semblé vouloir réintroduire une once d'autonomie administrative dans le délire "73" PPM, en maintenant la proposition d'un exécutif collégial et en allongeant de la durée des habilitations, discours de l'Atrium de février 2010 ; seksi katrin-pitjan an pete anlè'y afòs bat-lanmen, kriye woulo Sako gare Vanzetti nan tjek detoun laboulok la. Reste qu'une collectivité territoriale française, C.U-73 ou COM-74, ne pourrait, en aucun cas, permettre le développement économique, social, politique et culturel d'un pays caribéen. Pour développer un pays, il faut un pouvoir politique domicilié c'est dire, dans le cas de la Martinique, un Etat caribéen ; régionalisme oblige, quelques-uns des pouvoirs régaliens seraient transférés vers une organisation supranationale. Ay fè moun Matnik konprann sa, se tjou rat !
Simao moun Wanakera
Mannikou volan oben mannikou mèg
Rédigé par : Al.59 | 18 juin 2011 à 08:14
"mannikou ou manti ba mwen, mannikou...." bèlè kourant.
Rédigé par : M'Bèlè | 18 juin 2011 à 10:11
Ils ne sont pas si légitimistes que ça puisque lors de la consultation popuylaire ils ont désavoué leurs maires et conseillers sauf à Rivière-Pilote et Anses d'Arlets.
Rédigé par : Polo-Madinina | 19 juin 2011 à 05:58
Ou pa ka las malpalé nou, boug !
Rédigé par : PPM.59 | 21 juin 2011 à 11:00
MWEN LI AN PREMIE FWA SAW SOTI MATJE
DAN LANSAM SE LIDE PA MOVE;
NOU DAKÖ FOK AN SOUVENTE MATINITJE;
FOK RETE BAT DOUCE ASOU SA LAFRANS Lé.
Rédigé par : milo | 22 juin 2011 à 20:51
nous sommes tous des manicous.
Rédigé par : M-63 | 30 juin 2011 à 10:19
JEUDI 21 JUILLET 2011 - de 18H à 21H
FORUM - DEBAT
Thème : QUEL AVENIR POUR LA PÊCHE EN MARTINIQUE ?
Intervenants :
- Louis BOUTRIN
- Les Marins-Pêcheurs du littoral Caraïbe
Lieu : BOURG de CASE-PILOTE Salle du "Club des Sports" - 1er Etage de la Police Municipale
Rédigé par : Kanmo Matnik | 16 juillet 2011 à 09:42
5ème édition du Festival Caribéen du Développement Durable et Solidaire:
thème : « Culture et Intergénération, Gran kouté piti, Piti kouté gran ».
jusqu’au 14 aout 2011 :
Mercredi 10 Aout 2001 de 16h00 à 19h00 :
Forum autour de l’histoire du Site de Crève-cœur
Echanges, témoignages des résistants , Slam : Nèg Matnik & Papa Slam, groupe Savann’
Vendredi 12 Aout 2011 à 15h00
Journée Internationale de la jeunesse avec l’OMDAC
Défilé des Nations Caribéennes dans les rues du bourg, lecture de motions, animation (jeunes Caribéens), collation.
Samedi 13 Août 2011 à 19h00 :
Live : Soirée Kompa Explosion Plus - Esplanade du Marché
Dimanche 14 Août 2011 à 19 heures :
Concert Live : Paille et ses invités - Esplanade du Marché
Rédigé par : Kanmo Matinik | 12 août 2011 à 04:03